Baja Divide
Le Baja Divide, itinéraire vélo révélé fin 2016 parcourt les étendues désertiques de la péninsule de Baja.
Les 2300km de pistes, croisent parfois la route bitumée dans un village avant de replonger dans les grands espaces arides.
Le désert est un lieu idéal pour se retrouver soi même, seul, loin, sans distraction. Retrouver ses instincts, affûter ses sens et se fondre dans l'immensité sauvage... 45 jours de solitude heureuse, de rencontres, et de face à face avec moi même... C'est ce joyeux cocktail, je crois, qui permet d explorer les profondeurs de soi. Ouais, ce truc qu'on essaye d'éviter en général, c'est çà que je suis venu chercher.
Une note par jour ou presque.
Les 2300km de pistes, croisent parfois la route bitumée dans un village avant de replonger dans les grands espaces arides.
Le désert est un lieu idéal pour se retrouver soi même, seul, loin, sans distraction. Retrouver ses instincts, affûter ses sens et se fondre dans l'immensité sauvage... 45 jours de solitude heureuse, de rencontres, et de face à face avec moi même... C'est ce joyeux cocktail, je crois, qui permet d explorer les profondeurs de soi. Ouais, ce truc qu'on essaye d'éviter en général, c'est çà que je suis venu chercher.
Une note par jour ou presque.
Ravitaillement et logistique : La péninsule est désertique. Les ravitaillements en eau et nourritures sont souvent très limités.
Les premiers 1500km n'offrent aucun cours d'eau. Les canyons plus au sud offrent parfois des restes d'eau stagnante. Les ranchs sont alors plus réguliers et permettent aussi rencontres et ravitaillement. Il y a donc des sections où on peut voyager "léger" et d'autres où il est recommandé d'embarquer le maximum (jusqu'à 5kg de nourriture et 12 litres d'eau) , et de ne pas trainer en chemin... La générosité des campeurs ou surfeurs américains permet aussi de belles surprises sur les plages les plus reculées.
Les premiers 1500km n'offrent aucun cours d'eau. Les canyons plus au sud offrent parfois des restes d'eau stagnante. Les ranchs sont alors plus réguliers et permettent aussi rencontres et ravitaillement. Il y a donc des sections où on peut voyager "léger" et d'autres où il est recommandé d'embarquer le maximum (jusqu'à 5kg de nourriture et 12 litres d'eau) , et de ne pas trainer en chemin... La générosité des campeurs ou surfeurs américains permet aussi de belles surprises sur les plages les plus reculées.
-Colonet, Chez Alejandro, km 377-
Petite maison en terre, Salle de bains sans lumière, Un gobelet, et un seau Lentement, Chaque verre, Versé sur ma peau, Me rappelle la valeur de l eau... |
- Camalú, bivouac océanique, km 460 -
Roulement de galets sur la plage Chant des coyottes Silence des étoiles Un rayon de soleil Entre dans ma tente Sans frapper |
- Vicente Guerreiro, Oxxo, km 490- Paolito à 10ans, Il lave les vitres des voitures, Devant le magasin. Il est seul, et ne dit rien. Je lui offre une boisson, quelques chocolats, On partage quelques minutes. Il me saute dans les bras. Dans ses yeux, je lis une tristesse. Est ce la sienne, ou juste la mienne qui se reflète ? |
- Au pays des Cactus - Chaque jour j'en découvre de nouveaux, Il ya le touffu, le barbu, le poilu, le joufflu, Les tentacules, l'artichaut, le géant, Celui qui porte des fruits, d autres des fleurs... Tous ont en commun ces épines Qui volent et se dispersent au vent Avant de se cacher sous le sable... |
Deux yeux dans la nuit.
Un coyotte...
N aie pas peur, reviens !
- San Quintin, Chez Pablo, km 525 -
Angel, 9 ans, joue seul au ballon dans l'arrière cour minuscule.
Entre les cordes à linges et le va et vient des employés du restaurant,
On imagine un terrain, un match, un championnat, la coupe du monde.
Qu' y a t il de plus beau que le rire d'un enfant?
Un coyotte...
N aie pas peur, reviens !
- San Quintin, Chez Pablo, km 525 -
Angel, 9 ans, joue seul au ballon dans l'arrière cour minuscule.
Entre les cordes à linges et le va et vient des employés du restaurant,
On imagine un terrain, un match, un championnat, la coupe du monde.
Qu' y a t il de plus beau que le rire d'un enfant?
Alors qu'on pourrait s'attendre à des paysages identiques ou monotones tout le long de la péninsule, la diversité est absolument surprenante, des collines arides, au désert de cactus, des canyons aux palmeraies, en longeant les côtes pacifique et cortez qui ont chacune leur particularités. De surprises en découvertes...
- Collines San José del Faro, km 825-
Millions d’étoiles, Allongé au sol, Les yeux s’accoutument, Elles apparaissent, De plus en plus nombreuses. Tourbilon, Vertige. On les entendrait presque tinter, Comme un souffle du soir, Dans un lustre de cristal. |
- Couleurs -
Tons verts des cactus Sur tons ocres de la sierra, Bleu turquoise de Cortez, Bleu profond du Pacifique, Bleu nuit du ciel constellé. Larmes ou sueur... et leur trace salée Ma peau dorée comme un pain d épices, Séchée, ternie, usée... |
- Réveil Pacifique , km 840-
Chemin côtier escarpé, l'océan quelques mètres sous mes pieds.
Une nageoire hors de l'eau, cinq, huit, dix ! Des dauphins...
Sur les vagues leur silhouettes ondulent et reluisent,
On avance ensemble. Ils semblent m'inviter, à me laisser porter,
A lâcher prise, quelques instants suffisent.
Je sens monter confiance, paix, joie et fluidité.
- Punta blanca, km 865 -
Chaleur, poussière. Les réserves ont fondu plus vite que prévu. L'esprit commence à calculer. Tais toi et pédale ! |
- Plage d'El cardon, rencontre surprise, km 899-
Ce soir, l'Univers tout entier A le goût d un homard et d'un vin californien, Partagés sous un ciel étoilé ... |
Is this all real? Am I dreaming?
Extrait de topo : "Les cartes les plus détaillées sont encore légèrement incomplètes ou imprécises. Le seul moyen de naviguer et trouver son chemin est de télécharger la trace GPS la plus récente disponible en ligne. Le tracé des pistes change d'une année à l'autre en cas d'intempéries récentes. Un peu de bon sens permet toutefois de trouver son chemin."
Avec la trace GPS sont également proposés un "route guide" résumé du parcours section par section, et un très précieux "resupply chart" détaillant les points de ravitaillements et les distances, afin de calculer au mieux la quantité à porter.
Avec la trace GPS sont également proposés un "route guide" résumé du parcours section par section, et un très précieux "resupply chart" détaillant les points de ravitaillements et les distances, afin de calculer au mieux la quantité à porter.
- Mission San Francisco de Borja, km 1007 -
Aidé de son bâton, José Angel traîne lentement sa silhouette vers ce carré d’ombre où j’ai trouvé refuge. Je propose à l'Ancien de partager mon repas. Gêné, il s’inquiète de savoir si j’aurai assez. Sait il seulement que je me nourris de bien plus?
Je crois qu'un repas partagé compense par le coeur, la portion que le corps ne reçoit pas.
J’écoute ses mots, ses rêves, en regardant attentivement cette église qu’il rénove au rythme des donations.
Dans le silence de nos regards, nous savons tous les deux qu’il n’en verra lui jamais le bout.
Qu’importe le résultat? Seuls comptent le coeur et l’intention qu’il y met à chaque nouveau réveil.
- Bivouac -
Changer le temps d’un soir, Un carré de poussière, En un chez soi accueillant et éphémère, Rassurant et ordinaire. Et disparaître au petit matin, Ne laissant comme trace, Que le souvenir d’un instant fugace, Volé à l’univers. |
Le feu éclaire et réchauffe mes nuits, Et brûle en moi ce qui doit l’être, Mes peurs comme mon orgueil. |
- Galère ordinaire -
La difficulté des obstacles dépend seulement de l'état d'esprit avec lequel on les approche. L'imagination a le pouvoir de transformer tous les moments de galères en ce qu'on veut d'amusant. Je me marre en repensant aux images du Dakar qui me fascinaient dans mon enfance. Je revois tout. Le mec planté au milieu de la rivière, le mec qui pousse sa bécane pour sortir d’une ornière, celui qui tourne en rond pour trouver la bonne trace, celui qui finit à la frontale le soir... Les images défilent une à une, sauf que cette fois, c'est un peu, mon Dakar à moi...
La difficulté des obstacles dépend seulement de l'état d'esprit avec lequel on les approche. L'imagination a le pouvoir de transformer tous les moments de galères en ce qu'on veut d'amusant. Je me marre en repensant aux images du Dakar qui me fascinaient dans mon enfance. Je revois tout. Le mec planté au milieu de la rivière, le mec qui pousse sa bécane pour sortir d’une ornière, celui qui tourne en rond pour trouver la bonne trace, celui qui finit à la frontale le soir... Les images défilent une à une, sauf que cette fois, c'est un peu, mon Dakar à moi...
Au plus chaud de l'après midi, il m'arrive de m'arrêter en passant devant un ranch. Les chiens m'ont bien souvent annoncé de loin, et les gens sont souvent sortis voir qui approche... Assis à l'ombre, sous le porche, ils voient désormais passer devant leur porte un ou deux vélos par jour. J'en profite pour faire le plein d'eau, parfois me laisser offrir à manger, acheter quelques empenadas ou biscuits, que j'offrirai au prochain en retour de sa générosité. J'offre ainsi de porte en porte un petit pas grand chose qui suffit à créer un échange, des sourires et des souvenirs...
- Piedra Blanca, km 1205 -
Un poids lourd me double au ralenti, Les pêcheurs du hameau d’El Barril, Par la fenêtre passager, on me tend, Deux oranges et un sourire presque maternel. |
- El Arco, hameau minier en décadence, km 1233-
A la cantine des ouvriers, me voici invité. Une assiette de riz et de viande épicée et un café. La générosité n'a pas de frontières |
Dans chaque regard, chaque sourire, chaque mot,
je trouve ce dont j'ai besoin, à cet instant précis.
- San Ignacio, Casa del Cyclista, km 1389 -
Othon me montre fièrement le cahier où chaque vélo consigne son passage. Défilé silencieux et perpétuel de la vie, rien de plus ordinaire. Un nom, une date, quelques mots, un dessin. Oh, tiens ! la marque d’un copain ! Chacun, poursuit son rêve, son chemin, et laisse derrière une trace invisible pourtant si précieuse, aux yeux de ceux qui la conservent.
- Soir au coin du feu -
Sur une pierre, vient s'installer un petit scorpion, J’accueille l’invité clandestin à mon festin. Le lendemain, un autre dans mon bonnet, Ah non pépère, çà c’est le mien ! - Par une nuit nuageuse - Dans un buisson, à mes pieds, quelque chose a bougé, Je sursaute. Pfft j'suis bête, c’est mon ombre La lune a surgi et m’a joué un tour. |
- Douche sommaire -
Quand l'eau douce devient un luxe hebdomadaire Plutôt qu’une banalité quotidienne. L’instant devient privilégié, presque un rituel sacré Et développe la pleine conscience du corps, De ce qu’il endure, et de ce qu’il permet d’aller accomplir. - Instinct, traque - Des 3 cyclos je ne connaissais que leur trace dans la sable. Silencieuse et pourtant si bavarde, elle me révèle leur journée, Où ils poussent, où ils s'arrêtent, où ils dorment. Les rencontrer est amusant, quelques jours partagés, Avant de replonger dans ma solitude bien aimée. |
Très peu de magasins de vélos sont présents sur la longueur du parcours, un ou deux je crois tout au plus. Même en étant préparé, c'est toujours ce à quoi on n'a pas pensé qui vient à lâcher. Ivan, mon mécanicien préféré à Ensenada (1500km plus au nord) veille et fait jouer son réseau d'amis pour pourvoir à une urgence mécanique. Le matériel arrive, livré par le bus du lendemain. Avec tant de générosité, d'échange et de solidarité, la vie a ce goût magique chaque jour.
- Observation Linguistique, Espagnol -
Quelques mots de plus chaque jour,
Jouer, jongler, les prononcer, les écouter, les relire, les bousculer...
Sur le papier, je les vois s’articuler, quitter les lignes,
Et ouvrir la porte vers un univers tout entier,
Qui me permet enfin de communiquer, rire et partager...
- Laguna de San Ignacio, km 1453 -
Rencontre avec les baleines,
Vedettes des contes de mon enfance,
Elles m'émerveillent et réveillent mon innocence.
- El Datil, hameau de pêcheurs, km 1503-
Elle est belle cette grand mère. Les mains usées par le sel et les ans, elle déballe une à une les pierres soigneusement emballées, et aligne sur la table, des pointes de flèches en silex ou en os, trouvées sur la plage. Trésor. Elle a bien vu ma préférée, et, me murmurant quelques mots, elle me la glisse au creux de la main.
Rosalita est une de ces grands mères que la vie met sur mon chemin, comme toujours, quelques minutes seulement. Un regard, un sourire, elle veille, je la prends dans mes bras pour la remercier. Mes grands mères ne sont plus, mais maintenant, toutes celles de la terre, me parlent le temps d'un instant, et se présentent toujours juste au bon moment.
La vie d'un lieu s'écoule à la vitesse où les gens, les marchandises et l'information peuvent arriver... Loin du bitume, le sentier relie ces endroits perdus encore relativement préservés de la frénésie moderne. Un autre rapport à la vie, un autre rapport au temps.
- Rancho des tournesols, km1565-
Un café, une place à table pour un repas chaud, une course en montagne à tendre l'oreille, pour retrouver 10 chèvres fugitives.
Une soirée à cuisiner un souper à la famille, avant d'aller me glisser dans mon lit, comme si j'avais juste toujours habité ici...
Je m'étais juste arrêté pour faire le plein d'eau de bon matin,
Mais il y a des jours où tout est si naturel ou évident qu'il suffit de se laisser porter ...
Un café, une place à table pour un repas chaud, une course en montagne à tendre l'oreille, pour retrouver 10 chèvres fugitives.
Une soirée à cuisiner un souper à la famille, avant d'aller me glisser dans mon lit, comme si j'avais juste toujours habité ici...
Je m'étais juste arrêté pour faire le plein d'eau de bon matin,
Mais il y a des jours où tout est si naturel ou évident qu'il suffit de se laisser porter ...
- Mulegé, km 1648 -
L'arrivée au village après un section particulièrement musclée est toujours un instant particulier,
Un dernier regard en arrière, la ligne des crêtes de la sierra disparaît,
Emportant avec elle ses pièges, ses galères, ses surprises et secrets.
La simple pensée des petits plaisirs civilisés pousse à pédaler... on se sent alors voler...
- Comondu , San Javier, Missions, Oasis, km 1881 -
Surgie de nul part, blottie au fond d’un canyon, cachée sous les palmiers, chaque oasis surprend.
Couleur de l'herbe, Odeur des fleurs, Fraîcheur de l'ombre, Bruit de l'eau, Douceur.d'une orange tout juste cueillie.
Savourer l'instant hors du temps, il finira par s'évanouir, et n'être qu'un souvenir...
Surgie de nul part, blottie au fond d’un canyon, cachée sous les palmiers, chaque oasis surprend.
Couleur de l'herbe, Odeur des fleurs, Fraîcheur de l'ombre, Bruit de l'eau, Douceur.d'une orange tout juste cueillie.
Savourer l'instant hors du temps, il finira par s'évanouir, et n'être qu'un souvenir...
- Punta Coyote, Réveil sauvage, km 2182-
Le soleil vient juste de se hisser par dessus l’horizon.
La mer, plus lisse qu'un miroir renvoie l'écho,
Des dauphins et pélicans jouant à l'unisson.
Je me glisse dans l’eau.
Nu, je me fonds dans l’instant,
Dernier matin sauvage.
Le soleil vient juste de se hisser par dessus l’horizon.
La mer, plus lisse qu'un miroir renvoie l'écho,
Des dauphins et pélicans jouant à l'unisson.
Je me glisse dans l’eau.
Nu, je me fonds dans l’instant,
Dernier matin sauvage.
Ce nouvel environnement si hostile au début,
devient peu à peu acueillant, intime, et rassurant au fil du temps.
- San Juan de la costa, km 2226-
Je roule lentement les 100 derniers km, excitation teintée d'un pincement.
Demain, rencontre, partage, d'autres cyclistes, un autre rythme.
Puis viendra le bateau, le continent, la fin des chemins, un autre monde...
Je laisse lentement défiler les souvenirs de ces 45 jours,
Je les sens s’aligner et, sagement, retourner d'où ils avaient surgi...
Et j'observe cet univers se refermer...
Un immense merci à tous ceux, qui ont ouvert leur porte, ou qui ont partagé, un café, un repas, un instant.
Baja California,
|