« Tu sais en réalité très bien ou tu vas, tu sais que tu vas abandonner Alan pour aller à Santa Fé, non, pas là tout de suite, accompagne le au village de Cuba. Profite des deux derniers jours pour conclure proprement cette aventure, puis tu feras demi tour et traceras un nouveau chemin, seul, à travers la montagne. Ne prévois rien. A Santa Fé tu iras dans la rue, tu trouveras ce dont tu as besoin, tu sais déjà ce que tu as à faire d’ailleurs, tu n’auras rien mais tu vas briller… En fait si, il y a une personne à qui tu vas signaler ton passage en ville, tu sais qui, mais ne prévois rien, laisse faire»
Voilà ce qui tourne en boucle intérieurement, alors que je pédale avec Alan dans le dernier gros col du Great divide qui nous emmène à 3600m… Eh bien, cette fois, c’est déroutant, amusant, et ça a le mérite d'être plus que clair… Je m’imaginais déjà célébrer mon anniversaire avec mon ami et d’autres cycliste peut être, quelque part dans un restau en bord de route ou festoyer à un bivouac, avant de bifurquer vers l’ouest pour passer la frontière dans les temps, c’était là une « suite logique », cohérente, sage, et pourtant, me voilà parti pour un crochet dans la direction opposée. Une force intérieure bien supérieure à toute prévision mentale vient balayer les plans, et exprime ce qui maintenant devient une évidence. J'ai le choix de ne pas y aller, on le fait souvent dans le quotidien d'ailleurs... combien de fois nous sommes nous senti appelé par un truc un peu... "pas ... raisonnable" que personne ne comprendrait... Combien de regrets de ne jamais avoir osé? J'ai créé ici un cadre propice à l'expression, à l'expérimentation, et à l'écoute de l'intuition... Du vélo, du sable et des cactus, j'aurai le temps d'en manger plus tard. Là, je suis le flow, je vais passer mes derniers jours à Santa Fé... |
L'intuition? vraiment? allez zou...
|
L’au revoir ne me laisse pas indifférent, Alan emmène avec lui le Great Divide. Suivre un Chemin est plus que simplement pédaler, il devient une part de nous, on devient une part de lui. Ceux qui ont fait Compostelle, le Pacific Crest Trail, ou un long GR l’ont peut être senti aussi… Depuis un mois, à être dans ces espaces sauvages, je me laissais bercer par ce côté très rassurant de « suivre le chemin ». Il y avait du monde quelques jours devant, d’autres quelques jours derrière, et mes seuls soucis étaient le soin apporté au matériel et les besoins primaires : avoir à manger, à boire, et où camper…
Voici maintenant cette sensation étrange d’être« orphelin du chemin »… et même si je me retrouve à le longer 2km en contrebas, je suis en terre inconnue… De nombreuses routes forestières n’existent plus, d’autres ne sont pas référencées, d’autres encore fermées pour l’hiver, ou impraticables… Je passe une journée à pousser le vélo dans des pentes trop raides, à naviguer à l’aveugle sur le gps, passer par dessus des clôtures, des portails. Ca débouchera bien quelques part. Je ne sais pas où je vais... mais je le sens bien ! Je campe une dernière fois dans une prairie sauvage, au milieu d’un troupeau, au son lointain des cris des coyottes ou des wapitis… Au réveil, je m’étonne de la fréquentation du lieu au fil des kilomètres, des yeux écarquillés qui me regardent débarquer… Je comprends et souris en passant devant la guitoune des rangers… J'ai campé dans une réserve naturelle protégée en rentrant sans le savoir par le coté montagne ... Je quitte les lieux avec le sentiment grisant d’avoir chapardé un de ces instant interdit, un de ceux qu'on ne me prendra jamais...
Un email : "rdv au restau ce soir?" Oh que oui, j’augmente la cadence. J’ai écrit à Maud Séjournant. Maud est écrivain et psychothérapeute, enseignante de la tradition toltèque de Don Miguel Ruiz, c'est d'ailleurs elle qui publie ses livres en français, dont le fameux "les 4 accords toltèques" ... Je l'ai rencontrée il y a deux ans, le temps d'une conférence suivie de deux jours de stage, une rencontre qui découlait d’Olivier Clerc et qui allait me guider à Ernesto Ortiz... Maud a reçu deux autres emails de jeunes françaises de passage en ville et propose de connecter tout le monde… Rencontre, partage, écoute, de belles énergies, de belles idées Adeline a 18ans et fait un tour du monde en solitaire, et Bénédicte a décidé de changer de vie et de venir aux USA... . Je savoure en silence de partager de pareils instants à ce moment précis. Maud nous offre le repas, et une bougie arrive sur un dessert offert par les serveurs, qui attentifs, ont surpris un bout de conversation… Happy birthday. Je m’endors sous les étoiles, sur le canapé de la terrasse de maud, remerciant la magie du voyage. Toutes ces années où je suis loin, j’ai toujours un petit pincement en voyant arriver la lueur de la bougie. Au fil des ans, partout, tout le temps, quelqu’un sait, quelqu’un veille…
Je passe une journée d’anniversaire à aider à un déménagement de quelqu’un que je ne connaissais pas. Cyril, chauffeur Uber rencontré par Adeline juste peu avant qu’elle n’arrive au restau la veille. Si déménager n’est pas le rêve de tout le monde pour fêter ses 30 ans, moi, je sentais en proposant mon aide que c’était là qu’il me faudrait être.
Cyril élève seul Quanah, son fils de 4 ans. A eux deux, ils forment une équipe qui ferait rêver bien des papas et bien des petits garçons. Ils allaient entreprendre le déménagement seuls. Adeline veille sur Quanah, qui, déjà très éveillé, voudrait nous aider. Nous on porte les quelques meubles… Connexion instantanée, instants uniques que ces quelques heures avec Cyril à charger dans la camionette son atelier, ses créations, ses tableaux. Sensation de creuser les profondeurs de l’autre et retracer tant d’années à mesure que l’atelier se vide. Sensations d’épauler le bonhomme dans sa sérénité apparente, au moment où il fait une dernière fois le tour de la maison, de la vie, de la personne qu’il quitte. J’aime cette sensation d’être au bon endroit, au bon moment… Et dire qu’il allait tout faire tout seul… On partage un apéro, un repas, dans cette nouvelle maison, enfin pour la semaine à venir, ca va être une joyeuse colloc. Cyril nous garde, l’instant est drôle, il n’a jamais connu sa maison sans nous. La compagnie est peut être précieuse dans ces instants de grands changements de vie… Moi j'admire l'homme, solide, humble et droit, son ouverture, sa curiosité, sa sensibilité à la vie et à l'autre, sa capacité a se relever de ses chutes, en silence, et continuer son chemin de vie coûte que coûte. J'admire sa complicité avec son fils, et la façon dont il lui transmet le meilleur de la simplicité de chaque jour. J'admire l'homme qui sait se perdre afin de tracer son propre chemin et non pas suivre celui des autres...
J'ai remarqué au fil des ans, que quand je rencontre une autre personne aussi très connectée à elle même, peu importe qui elle est, peu importe sa langue, on a juste la sensation de se connaître, de se comprendre.
Dans le regard de l’autre, je me retrouve, moi, et cette part d'universalité.
Je m’amuse et m’étonne toujours devant ces instants, où, parfaits inconnus, nous échangeons en profondeur, confession livrée avec le coeur, on se révèle sans concession, ni peur.
Les amis sont d'ordinaire les personnes à qui on ose se confier, s'ouvrir, oh juste peu à peu. Pour nombre d’entre nous, ça prend des mois, voire des années avant d’oser, et encore on ne dit pas tout, pour ne pas être jugé, alors on est parfois un peu seuls, au milieu de ceux qu’on appelle proches. Avoir peur de perdre ses amis, c’est avoir peur de perdre ses confidents.
J’ai remarqué avec le temps à quel point il est pourtant tellement plus facile de se livrer à un étranger, un parfait inconnu. En s’ouvrant et en revoyant complètement son approche, sa conception de soi même, de l’autre, on arrive à reconnaitre instantanément ces personnes avec qui une relation de très grande confiance peut se créer. Quand on a la capacité à trouver ces personnes sur son chemin, et il y en a partout, la peur d’être seul a t-elle encore un sens?
C’est en grande confiance que j’aborde chaque jour, chaque instant, n’importe où. Chaque matin est une renaissance, un nouveau champs des possibles, une nouvelle opportunité de d'apprendre et rencontrer.
Sur la route, je me sens mieux entouré que, malheureusement certains ne le sont peut être dans leur quotidien.
Je souris, remercie, honore.
Dans le regard de l’autre, je me retrouve, moi, et cette part d'universalité.
Je m’amuse et m’étonne toujours devant ces instants, où, parfaits inconnus, nous échangeons en profondeur, confession livrée avec le coeur, on se révèle sans concession, ni peur.
Les amis sont d'ordinaire les personnes à qui on ose se confier, s'ouvrir, oh juste peu à peu. Pour nombre d’entre nous, ça prend des mois, voire des années avant d’oser, et encore on ne dit pas tout, pour ne pas être jugé, alors on est parfois un peu seuls, au milieu de ceux qu’on appelle proches. Avoir peur de perdre ses amis, c’est avoir peur de perdre ses confidents.
J’ai remarqué avec le temps à quel point il est pourtant tellement plus facile de se livrer à un étranger, un parfait inconnu. En s’ouvrant et en revoyant complètement son approche, sa conception de soi même, de l’autre, on arrive à reconnaitre instantanément ces personnes avec qui une relation de très grande confiance peut se créer. Quand on a la capacité à trouver ces personnes sur son chemin, et il y en a partout, la peur d’être seul a t-elle encore un sens?
C’est en grande confiance que j’aborde chaque jour, chaque instant, n’importe où. Chaque matin est une renaissance, un nouveau champs des possibles, une nouvelle opportunité de d'apprendre et rencontrer.
Sur la route, je me sens mieux entouré que, malheureusement certains ne le sont peut être dans leur quotidien.
Je souris, remercie, honore.
Le temps galope, les jours défilent, Maud nous a pris sous son aile et aiguillé vers un programme « en conscience »… Elle sait, elle sent, que chacun, à son niveau, a la capacité de rayonner sur les autres, d’inspirer, d’apporter une part de lui même… Alors tous les trois, on réaménage son jardin, et notre ancrage en terre, on explore notre imagination et notre légèreté devant les centaines de montgolfières à Albuquerque, on randonne dans les méandres étroits et sinueux d'un canyon incroyable au sommet duquel, aux quatres vents, on improvise chants et musique... on se retrouve par synchronicités dans l’atelier d’un indien pueblo qui fabrique ses tambours et nous partage une magnifique leçon de vie et de sagesse... Et puis ce moment génial, au marché local, où on concrétise des idées qui sommeillaient jusque là, en offrant aux inconnus ce qu'on a de plus beau, et en réalisant une petite vidéo.
Chaque soir, chez Cyril on cuisine, et on prend le temps, vautrés sur les canapés, de partager, échanger et trinquer…
Chaque soir, chez Cyril on cuisine, et on prend le temps, vautrés sur les canapés, de partager, échanger et trinquer…
Puis, aussi vite que le groupe s’était formé, il se dissout, chacun reprend sa route, je n'ai plus le temps de pédaler jusqu'à la frontière. Maud, bienveillante comme toujours, me propose de me joindre à elle, son gendre et son petit fils. Le vélo plié dans le coffre, glissé par magie entre les bagages, nous voici en route pour l’Arizona...
Notre petite vidéo, au marché de Santa Fé
Moi j'aime bien les Hugs, En faisant un Hug, j'ouvre mes bras à l'autre, et plonge dans les siens en pleine confiance. Je franchis la barrière des cercles intimes. J'exprime à l'autre ma joie de le rencontrer. J'échange énormément d'énergie de manière très sincère, j'y trouve et je donne beaucoup de réconfort et de chaleur humaine. Je ne ressors pas d'un Hug pareil que j'y suis entré... Non, j'ai créé un truc propice à débuter la communication de manière ouverte, positive et très posée. Deux inconnus qui se font un Hug ne sont plus inconnus et commencent à parler avec beaucoup d'aisance, comme s'ils se connaissaient... Mais oui ! Essaye donc ! Et dire qu'en France, on se serre mollement la main sans s'approcher... ou on se fait la bise vite fait, enfin... on sait jamais combien ni de quel coté... On a le chic pour se compliquer la vie je crois...
Merci Adeline pour ce bel échange - Merci tous les producteurs pour les légumes offerts - Merci la Vie d'être chouette avec nous...
Merci Adeline pour ce bel échange - Merci tous les producteurs pour les légumes offerts - Merci la Vie d'être chouette avec nous...