"Si j'avais un vélo,
je partirais en solitaire et sans escale...
Si j'avais un vélo,
Je laisserais ma boussole à terre pour suivre mon étoile...
Capitaine d'un vélo, moi je trouve que ca me va,
Vent dans les voiles comme un oiseau, je l'appellerais l'Española..."
je partirais en solitaire et sans escale...
Si j'avais un vélo,
Je laisserais ma boussole à terre pour suivre mon étoile...
Capitaine d'un vélo, moi je trouve que ca me va,
Vent dans les voiles comme un oiseau, je l'appellerais l'Española..."
Chalca
Le bus m’abandonne en bord de route à près 3200m, et repart en ronronnant dans le vent. Je reste bien là quelques longues minutes, à regarder tantôt le hameau de l’autre coté du torrent, tantôt mon vélo plié et mon tas de bagages sur le bitume abimé. Je ressens l’excitation d’un gosse la veille de noël, avec le ventre un peu noué quand même… Ca y est… Les chemins isolés des Andes, depuis le temps que j’en rêve…Suis je bien prêt ? N’ai je rien oublié ? L’heure n’est plus au faux pas ; C’est maintenant la saison sèche, mais aussi la plus froide et le petit sentier aperçu deux virages plus bas m’invite vers ses mystères, ses pièges et ses surprises…
Altitude
Les tracés repérés proposent de nombreux passages à plus de 4600m, et permettent de traverser une partie des Andes sans emprunter la route... Le chemin commence avec un passage à plus de 4900m, faisant tomber d’entrée le « record » à 4665m franchi avec Cyrielle dans le pamir tadjik lors de notre voyage vélo vers la Chine il y a quelques années.
S’acclimater, s’hydrater, et ne pas forcer… Je repense à la phrase que me glisse mon Papa avant chaque départ « Qui veut aller loin ménage sa monture »… Je sais par expérience qu’il me faudra prendre soin du physique et du moral, les deux sont très liés dans ce genre de situations. Si l’un flanche, l’autre pourrait simplement s’effondrer…
Sierra
Je me fonds dans l’immensité des Andes, serpente au détour des vallées séchées par le soleil, et m’élève lentement vers toujours plus haut. Silence à perte de vue. Seul le vent s’autorise parfois son sifflement. Je me sens si petit devant ces glaciers majestueux. Le temps semble ralentir. Au loin, veillent quelques lamas sauvages, fidèles gardiens de la sierra. Je les observe détaler de leur promontoire. Si mon regard s’affûte, il est encore loin de battre leur odorat…
Le bus m’abandonne en bord de route à près 3200m, et repart en ronronnant dans le vent. Je reste bien là quelques longues minutes, à regarder tantôt le hameau de l’autre coté du torrent, tantôt mon vélo plié et mon tas de bagages sur le bitume abimé. Je ressens l’excitation d’un gosse la veille de noël, avec le ventre un peu noué quand même… Ca y est… Les chemins isolés des Andes, depuis le temps que j’en rêve…Suis je bien prêt ? N’ai je rien oublié ? L’heure n’est plus au faux pas ; C’est maintenant la saison sèche, mais aussi la plus froide et le petit sentier aperçu deux virages plus bas m’invite vers ses mystères, ses pièges et ses surprises…
Altitude
Les tracés repérés proposent de nombreux passages à plus de 4600m, et permettent de traverser une partie des Andes sans emprunter la route... Le chemin commence avec un passage à plus de 4900m, faisant tomber d’entrée le « record » à 4665m franchi avec Cyrielle dans le pamir tadjik lors de notre voyage vélo vers la Chine il y a quelques années.
S’acclimater, s’hydrater, et ne pas forcer… Je repense à la phrase que me glisse mon Papa avant chaque départ « Qui veut aller loin ménage sa monture »… Je sais par expérience qu’il me faudra prendre soin du physique et du moral, les deux sont très liés dans ce genre de situations. Si l’un flanche, l’autre pourrait simplement s’effondrer…
Sierra
Je me fonds dans l’immensité des Andes, serpente au détour des vallées séchées par le soleil, et m’élève lentement vers toujours plus haut. Silence à perte de vue. Seul le vent s’autorise parfois son sifflement. Je me sens si petit devant ces glaciers majestueux. Le temps semble ralentir. Au loin, veillent quelques lamas sauvages, fidèles gardiens de la sierra. Je les observe détaler de leur promontoire. Si mon regard s’affûte, il est encore loin de battre leur odorat…
Bivouacs, 4800m,
Une soupe frémit sur le feu, je grignotte les quelques patates à la braise offertes par une grand mère. J’apprécie, lentement, sous les étoiles, et redoute toujours un peu la nuit et la caresse mordante du froid qui déjoue tous mes subterfuges. L’altitude me vole le sommeil. Livré à l’interminable attente nocturne, le soleil devient un personnage à qui mon imaginaire commence à conter les louanges… La mémoire des traditions incas vibre t elle dans chaque recoin de la sierra ?
Une soupe frémit sur le feu, je grignotte les quelques patates à la braise offertes par une grand mère. J’apprécie, lentement, sous les étoiles, et redoute toujours un peu la nuit et la caresse mordante du froid qui déjoue tous mes subterfuges. L’altitude me vole le sommeil. Livré à l’interminable attente nocturne, le soleil devient un personnage à qui mon imaginaire commence à conter les louanges… La mémoire des traditions incas vibre t elle dans chaque recoin de la sierra ?
Eastern sun,
Melt the cold from my bones, Curtain rise, take the darkness from my eyes, Breathing in, pulling life into my lungs As a child, I am born Again (Ayla Nereo) |
Soleil levant,
Réchauffe mes os glacés, Lève le rideau, chasse l’obscurité de mes yeux, Inspiration. La vie danse dans mes poumons ; Tel un enfant, je suis né, Une fois de plus |
Les étoiles, le soleil, Le murmure du vent,
Le crépitement du feu, Le chant de l’eau,
Qui ne s’est jamais laissé à leur conter ses peines, ses rêves, ses voeux ?
Qui n’a jamais ressenti la présence d’un être qui lui manque ?
Qui n’a jamais senti en lui le souffle d’un chemin à poursuivre ?
Je repense à ce murmure qui m’a tiré de mon petit confort de la vie Suisse pour parcourir ce chemin à travers les amériques,
ce chemin vers moi même… Va –t- on vraiment seul quand on écoute ?
Le crépitement du feu, Le chant de l’eau,
Qui ne s’est jamais laissé à leur conter ses peines, ses rêves, ses voeux ?
Qui n’a jamais ressenti la présence d’un être qui lui manque ?
Qui n’a jamais senti en lui le souffle d’un chemin à poursuivre ?
Je repense à ce murmure qui m’a tiré de mon petit confort de la vie Suisse pour parcourir ce chemin à travers les amériques,
ce chemin vers moi même… Va –t- on vraiment seul quand on écoute ?
Ecouter ses rêves, son intuition, son instinct, c’est s’écouter soi, c’est le début du respect de soi et le début de l’amour de soi. Peut on vraiment respecter les autres si on ne se respecte pas soi même ? Peut on pleinement aimer les autres si on ne s’aime m’aime pas soi même ? Quelle plus belle porte vers soi même que suivre notre appel intérieur, en pleine confiance ?
Abel et Glenda
Derniers kilomètres de l’Abra Suijo. Piste chaotique. Que se passe –t-il ?
Si peu de distance parcourue et bien trop en poussant le vélo. Est ce trop raide ? Trop haut ?
Poussière.
Ou est passée ma condition physique ? Ai je sous estimé la difficulté ?
Tais toi et pousse.
En vrac, les jambes tremblent, je tiens à peine debout . Et ce hameau que je n’atteindrai pas ce soir.
Si ! Passer le col et se laisser glisser… Je vais pousser, oui pousser jusqu’à n’en plus pouvoir.
Je sais qu’un truc cloche je ne sais pas encore quoi. Altitude ? Froid ? Non, bactérie.
Ouais, celle qui te vide de toute ton énergie avant de bientôt te vider le reste… Je la porte sans le savoir, mais déjà, l’idée de camper à 4700m dans cet état ne me réjouit pas tellement…
Garder la foi…
Au loin approche le bruit d’un moteur, le premier de la journée. La jeep s’arrête à mon niveau. Abel et Glenda proposent de m’emmener… Est ce réel ou suis je en train de rêver? Abel insiste "Alors tu montes ou pas?" On prend l’auberge la moins chère, il y fait plus froid à l’intérieur des murs en pierre que dehors , et la rivière semble meilleure que la douche, mais çà fera. Mes anges gardiens me payent le restau pendant 2 jours, le temps de terrasser l’intruse, se refaire une santé, puis profiter un peu des lagunes et rivières turquoises de la région. Une rencontre improbable dont chacun emporte des graines qui germeront. J’abandonne les amis, par un beau matin ensoleillé, engloutis la descente. Repasser à 4000m semble être un grand bol d’air frais, le retour à 2900m a des airs de balade au club med. L’entame de l’ascension des 4987m de la Punta Pumacocha me voit retrouver les jambes, le rythme, la confiance, et cette indicible joie de voguer avec le vent…
Accueil
Générosité, simplicité, curiosité… A Chocna, l’instituteur me laisse à camper dans la cour d’école, sous le regard amusé des six élèves du hameau. A Laraos, village perché sur son rocher, on m’offre un repas chaud, et une cabane pour deux nuits. Mon duvet jeté sur le sol en terre, j’écoute sans me lasser la gazinière ronronner et me réchauffer une marmite d’eau pour me laver… Luxe… Les adolescents du village réunis autour d’un feu de camp m’invitent à écouter légendes et mythes de la vallée qu’ils content ou chantent tour à tour. Le lendemain, ils m’emmènent crapahuter à travers canyons et terrasses andines. A perte de vue s’étendent les parcelles en escaliers, desservies par un astucieux réseau d’irrigation. Le travail de titan, à mains nues, des anciennes générations donne le vertige… J’offre à la municipalité quelques images prises au drone remercier de l’accueil inattendu.
Rencontre avec moi même
Le soleil disparaît derrière les sommets, laissant derrière lui un ciel de feu lentement chassé par la voûte étoilée. Le froid s’invite sur la pointe des pieds. Dans la clarté silencieuse de l’astre nocturne, je danse avec mon ombre, chante à en perdre voix, hurle à la lune comme un loup solitaire.
« Tu la sens, la douce puissance du ciel et de la terre t’envahir et vibrer au plus profond de toi ? »
Je laisse couler les larmes. Les 6 mois d’introspection intense sur la voie des toltèques au Mexique m’ont aidé à traquer les racines les plus profondes de l’être enfermé que je m’étais laissé être. Feu les peurs, les limites, les jugements. En suivant ce chemin intérieur, j’ai appris à m’aimer, me pardonner et me faire confiance pour mieux avancer. Débarrasser du poids et de la densité, je perçois aujourdhui le monde de manière de plus en plus subtile. Je sens maintenant ma petite carapace se morceler et libérer lentement mon être profond. Je sens mon potentiel de création et de guérison se révéler et demander à s’exprimer, je sens mon pouvoir monter du plus profond de moi. Rencontre avec Moi même. Moi qui venais dans les andes caresser les étoiles, c'est la mienne que je vois éclore, au plus profond de moi...
Dans notre société de compétition et d'image, de comparaison et de loi du plus fort, puisse chacun, un jour goûter à cet état de grâce.
Laguna Pumacocha - Bergers
Une autre nuit, je rencontre une famille de bergers. J’ai bien toujours quelques chocolats dans la poche, pour partager. Ils m'invitent à camper. Serrés autour de la vieille toile cirée, sous la lueur de l’ampoule, nous partageons une truite, quelques patates, et nos histoires. La couverture de laine empruntée pour la nuit classe cette soirée au rang de grand luxe !
Réveil entouré de 250 alpacas. Ce matin, deux d’entre eux seront sacrifiés. L’animal n’est pas bête, il sent la mort approcher et se refléter dans la lame du couteau, résiste, mais déjà la lame a plongé sous la laine.
" L’entends tu ? La vie, disparaître dans l’écho infini du petit matin ? "
Bon sang que j’aime pas ce moment. Que faire, à part prononcer quelques mots à l’Alpaca et à la Terre nourricière, pour les remercier de cette vie que nous prélevons pour assurer la nôtre… La viande crépite dans la poêle avant de fondre en bouche. Je savoure toute la noblesse offerte d’un animal qui aura brouté des herbes de montagne sa vie durant sans jamais apercevoir le néon d’un hangar, ni le stress de l’élevage…
Si nous devions tous abattre notre nourriture nous même, en regardant l ‘animal dans les yeux, gageons que la consommation serait plus raisonnée.
Si tous les végétariens du monde, bercés par le confort du choix et de l’import venaient passer quelques jours ici, à 4500m, manger des patates matin midi et soir, peut être comprendraient ils que certains actes sont nécessaires.
Remettre un peu de respect et de bon sens dans nos actes les plus primaires permettrait il d’en remettre dans le reste de nos vies ?
Punta Pumacocha
Derniers lacets dans la semoule, et le col apparait…
4987m… Ivresse des sommets.
Pour la première fois, je dépasse l'altitude du Mont Blanc, référence imaginaire depuis mon plus jeune âge...
Le paysage change radicalement en basculant sur l’autre versant. Les vallées vertigineuses laissent place à une sorte d’immense plateau, où les sommets se reflètent dans les lacs. Les nuages noirs donnent un air apocalyptique à la scène. C’est la saison sèche mais je n’échapperai ni à la pluie, ni à la grêle, ni à la neige… Chaque soir amène sa surprise. Parfois un abri de pierre pour échapper à l’intempérie, parfois je la prends en pleine face…
Sous la tente montée en catastrophe je compte la nourriture, et la distance restante. Si j’augmente la cadence demain, peut être arriverai je de nuit à la civilisation. L’optique d’une douche chaude et d’une lessive devraient suffire à me motiver.
Une autre nuit, je rencontre une famille de bergers. J’ai bien toujours quelques chocolats dans la poche, pour partager. Ils m'invitent à camper. Serrés autour de la vieille toile cirée, sous la lueur de l’ampoule, nous partageons une truite, quelques patates, et nos histoires. La couverture de laine empruntée pour la nuit classe cette soirée au rang de grand luxe !
Réveil entouré de 250 alpacas. Ce matin, deux d’entre eux seront sacrifiés. L’animal n’est pas bête, il sent la mort approcher et se refléter dans la lame du couteau, résiste, mais déjà la lame a plongé sous la laine.
" L’entends tu ? La vie, disparaître dans l’écho infini du petit matin ? "
Bon sang que j’aime pas ce moment. Que faire, à part prononcer quelques mots à l’Alpaca et à la Terre nourricière, pour les remercier de cette vie que nous prélevons pour assurer la nôtre… La viande crépite dans la poêle avant de fondre en bouche. Je savoure toute la noblesse offerte d’un animal qui aura brouté des herbes de montagne sa vie durant sans jamais apercevoir le néon d’un hangar, ni le stress de l’élevage…
Si nous devions tous abattre notre nourriture nous même, en regardant l ‘animal dans les yeux, gageons que la consommation serait plus raisonnée.
Si tous les végétariens du monde, bercés par le confort du choix et de l’import venaient passer quelques jours ici, à 4500m, manger des patates matin midi et soir, peut être comprendraient ils que certains actes sont nécessaires.
Remettre un peu de respect et de bon sens dans nos actes les plus primaires permettrait il d’en remettre dans le reste de nos vies ?
Punta Pumacocha
Derniers lacets dans la semoule, et le col apparait…
4987m… Ivresse des sommets.
Pour la première fois, je dépasse l'altitude du Mont Blanc, référence imaginaire depuis mon plus jeune âge...
Le paysage change radicalement en basculant sur l’autre versant. Les vallées vertigineuses laissent place à une sorte d’immense plateau, où les sommets se reflètent dans les lacs. Les nuages noirs donnent un air apocalyptique à la scène. C’est la saison sèche mais je n’échapperai ni à la pluie, ni à la grêle, ni à la neige… Chaque soir amène sa surprise. Parfois un abri de pierre pour échapper à l’intempérie, parfois je la prends en pleine face…
Sous la tente montée en catastrophe je compte la nourriture, et la distance restante. Si j’augmente la cadence demain, peut être arriverai je de nuit à la civilisation. L’optique d’une douche chaude et d’une lessive devraient suffire à me motiver.
Au réveil, surprise, mon porte bagage est cassé net. Un rayon de rechange torsadé et du sparadrap ultra costaud « omnifix » me permettent par miracle de franchir les 2 derniers cols et parcourir les 70km jusqu’à destination. Je crois que je peux aller mettre un cierge pour mon pharmacien qui m’a, comme à chaque départ, glissé dans les sacoches, un rouleau de l’adhésif magique qui « sauvera des pépins mécaniques autant que des blessures». Sans çà... je ne serai pas allé très loin...
Civilisation
L’arrivée dans ma première ville péruvienne prend des airs de fête… Un peu de repos et de confort… J’arpente les ruelles, flâne sur les marchés entre klaxons des mototaxis, criée des marchands ambulants, monticules de fruits colorés et viande pendue à l’air libre. Je me laisse fasciner par les femmes et leur baluchon coloré, noué à vie sur les épaules, d’où émerge parfois une tête d’ange ébouriffée au pommettes rougies…
Abuelitas
Assises sur leur couverture, des grand-mères descendues des montagnes,
vendent leur cueillette d’herbes médicinales, avant de remonter à la vie sauvage, quelques soles en poche.
Leur longues nattes sortent du chapeau de feutre.
Il faut les voir, dans leur jupons brodés et gilets de laine, les chaussettes au genou et sandalettes en cuir,
trottiner sur le pavé, mastiquant la coca, courbées sous le poids de leur baluchon…
Que portent- elles donc dans cette étoffe bariolée ?
Dès leurs jeunes années, un enfant,
puis vers le marché, toute sorte de chargement,
avant de courber jusqu’au dernier jour sous le poids des ans ?
Coutume
Trouver un soudeur aluminium n’est pas chose aisée. Ici au Pérou, il semble difficile aux gens de dire non ou « je ne sais pas ». Culture? fierté? Ainsi la tendance est à raconter n’importe quoi pour ne pas perdre la face. Une fois de plus, je m'en amuse.
Il va de soi que tout le monde connaît un soudeur alu « juste là bas » . Le Pérou est ce pays fabuleux où absolument tout est disponible dans n’importe quel village, oui, tout est disponible mais toujours 100m plus loin…
Un bus m'emporte vers Cusco, d'autres choses que du vélo m'appellent un temps. Il est temps d'ancrer et repartager la puissance de ce que je perçois seul dans les immensités sauvages.
Ancrage
Sur un banc, au soleil du petit matin, j’observe le cireur prendre soin de mes petits souliers au cuir meurtri et usé. Un passage mérité chez le cordonnier prolongera encore leur destinée… Les pieds, notre ancrage à la terre, ceux qui nous permettent de cheminer. Avec tout ce que je leur fais endurer, en prendre soin devient un moment privilégié. Gratitude...
Quelle importance prenons nous le soin de leur accorder ?
Vallée sacrée des incas.
Je suis attendu chez Ulises, inventeur, poète et voyageur. Ulises m’avait offert de squatter le grenier de ses parents à Lima, m’offrant ainsi un havre de paix, et la chaleur d’un foyer dans cette grisaille urbaine… Dans son château, ici à Arin, une cabane sans eau ni électricité flanquée au pied des sommets enneigés du Pitusiray, nous fêtons nos retrouvailles autour d’un casse croute improvisé et d’une tasse de thé. Ulises bricole pour le voisinage, et on se fait souvent inviter çà et là notamment chez Carla et Jolyanne. Jardin, cuisine, musique, chant, et soins, chacun y met sa touche, son cœur et son talent.
Laisser l’endroit dans l’état où on aimerait le trouver, est devenu une phrase courante. Mais, les gens ? Y a t on déjà pensé ? Combien de fois rejette t on nos propres problèmes et blessures à la face des autres, les blessant à notre tour ? Chaque personne, qu’il s’agisse d’une rencontre furtive dans la journée ou d’une longue relation dans la vie… Si nous prenions soin de ne pas abimer les gens, ou mieux, de les laisser en meilleur état qu’on ne les a trouvés… Un regard, un mot, un peu de présence sincère et honnête sans attendre de retour… Certains diront qu’on peut rêver, pourtant personne ne le fera pour nous…
Machu picchu
J’en ai passé des sommets et des kilomètres, en pensant à ces ruines sacrées… Seul le train, l’un des plus chers au monde, permet d’accéder au pied du machu pichu. Je choisis de marcher les 30km en longeant la voie ferrée. Parfois un train siffle au loin, je m’écarte et salue par leur fenêtre les passagers confortablement installés avant de reprendre mon chemin. Courbe après courbe, les rails plongent dans la jungle et me voici au pied de la montagne tant convoitée. Je lève les yeux vers les sommets vertigineux. Je vais en rêver une dernière fois, et demain à 5h, je gravirai les 1000m de dénivelé par le sentier grossièrement taillé en escalier.
7h30, premier au sommet de la montagne machu pichu avec deux compères cyclistes (on a quand même la caisse, disons le) je profite de ces quelques minutes de calme, les seules de la journée peut être… Gaugé, je regarde la pluie ruisseler de mes vêtements, descendre les parois humides et l’imagine se perdre quelque part dans le fleuve en contrebas. J’observe les ruines de la cité inca, apparaître en bas, derrière la brume qui valse. En levant les yeux, d’autres sommets apparaissent encore plus hauts, dans les nuages… Comment et pourquoi construire pareil édifice? En voyant la dimension de chaque pierre de la cité, qu'il a fallu monter une par une, je ne peux qu'être fasciné par ces civilisations passées.
On peut l’avoir vu des millions de fois en photos, le spectacle est juste saisissant. Et puis… ça vibre fort… très fort… Je goûte la récompense éphémère de tant d’efforts sans oser penser que demain il faudra faire le chemin retour…
Autour de moi j’entend râler, « c’est nul il y a des nuages, la photo sera pas aussi bien que celle qu’ont prise Jean Paul et Martine l’an passé… » ou encore «Ouais bof, tu mettrais çà en auvergne, çà serait des ruines gauloise et on en ferait pas tout un pâté »
L’effort consenti pour acquérir ce que l’on désire rend il sa juste valeur aux choses ? Le temps passé à désirer et imaginer atteindre une chose est il aussi important, nécessaire et gratifiant que l’accomplissement en lui même ? Je souris, pensant aux dérives d’une société où toute action tendrait à réduire l’effort humain, ou tout ce qui nous resterait à faire serait dépenser, zapper, consommer ...
Vertige
La solitude, et la poursuite de mon intuition profonde, en me faisant confiance vers l’inconnu, me permettent d’oser la rencontre avec moi même. M’ouvrir pleinement aux autres, me livrer, me révéler, sans carapace, ni barrières, ni peurs, permet la rencontre de l’autre.
C’est l’alternance entre ces deux états extrêmes de rencontre et d’ouverture, qui crée ce courant magique et vibrant qu’on appelle la vie. Je la ressens alors circuler pleinement en moi et repense à toutes ces années, où je n’osais ni l’un ni l’autre, vivant coincé entre deux murs, ce que je croyais nommer l’expérience de la Vie…
Et si on osait ?
C’est l’alternance entre ces deux états extrêmes de rencontre et d’ouverture, qui crée ce courant magique et vibrant qu’on appelle la vie. Je la ressens alors circuler pleinement en moi et repense à toutes ces années, où je n’osais ni l’un ni l’autre, vivant coincé entre deux murs, ce que je croyais nommer l’expérience de la Vie…
Et si on osait ?
Arin
De retour à mon petit village, les filles me proposent une chambre à la maison, contre quelques menus services. Elles débordent d’idées, et moi de temps et peut être aussi de talents… Construire des étagères ou une table à partir de ce qui traine dans la cour, refaire des aménagements intérieurs ou extérieurs. Libérer sa créativité, imaginer, concevoir, créer…
Ici à Arin, il n'ya qu'une route, le reste du village est un dédale de chemins ou de sentiers. Entre murets de pierres et haies vives, on se faufile, hors du temps, suivant les canaux d'irrigation, où l'eau se bouscule de la cascade jusqu'à chaque recoin du village.
En rencontrant Raffaello, nous nous lançons spontanément dans la réalisation d'une vidéo pour présenter son atelier de flûtes indiennes. On s'applique de notre mieux et on apprend sur le tas... Il suffit d'être attentif en regardant des reportage pour décortiquer et reproduire la technique... Notre petit chef d'oeuvre prend forme de jour en jour. Liene, sa femme, reçoit ses parents venus d'europe leur rendre visite, et je m'amuse une fois de plus de me voir complètement intégré à la famille. C'est un vrai plaisir de partager et mettre en commun nos savoirs faire, et découvrir ensemble les trésors des alentours.
Je me régale toujours de ces rencontres que la vie met sur notre chemin. Merci Liene et Raffaello pour votre accueil, merci d'avoir partagé votre maison, votre temps, vos rêves, la simplicité de ces instants, la sincérité de vos mots, la magie que chacun fait jaillir à chaque moment.
J'emporte avec moi la flûte magique, toutes vos inspirations, et le souvenir de ces instants précieux, chapardés au flow de la vie ...
Waouh, un mois au village s'est écoulé déjà... Un mélange de silicone et white spirit appliqué sur la tente et mes sacoches refait l’étanchéité du matériel. Fruits et légumes sèchent au soleil en guise de provisions en vue des passages très isolés de la cordillère. Un colis est parti pour la France, l’ordinateur lui rentre en europe avec les parents de Liene. Je boucle ces lignes et il est temps de songer à un petit retour. Quelques cols et désert, et puis... rendez vous à Verbier tout bientôt.
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With Love =)
Greg
Inspirations musicales pour le pédalage et l'écriture
Into Lala - Dreams & Fears, Still corners - The trip, Nowë - Heart of gold
Shimshai - La semilla (be in the now), Mujeres de la luna - Intento
La danse sacrée de Huachuma
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