Reset & Switch
Ces 3 semaines à Ashland sont un temps précieux à la réflexion et à l'évolution nécessaire.
Disposant d'un point de chute logistique de confiance, c'est l'occasion de faire arriver du matériel, ou d'en abandonner.
Les réflexions et questionnements se bousculent au fil des jours, s'agitent même, et puis tout s'apaise...
Disposant d'un point de chute logistique de confiance, c'est l'occasion de faire arriver du matériel, ou d'en abandonner.
Les réflexions et questionnements se bousculent au fil des jours, s'agitent même, et puis tout s'apaise...
C'est décidé, je laisse derrière moi la voile, j'allège tout au maximum, et je change de route. En regagnant la place occupée par la voile à l'arrière du vélo, je peux aussi me défaire des bagages avant. Tout ce qui n'est pas strictement nécessaire est abandonné, un bon 8kg en tout. De quoi laisser place à des provisions et à des réserves d'eau pour aller chercher des routes plus isolées et plus sauvages. En m'allégeant, je me sens libre à nouveau, y'a plus à se soucier du vol du matos, d'une éventuelle casse mécanique dûe au poids embarqué, plus à passer de temps à packer ou déballer les affaires chaque jour, plus à se poser 100 questions pour prendre une décision...
"Quoiiii? Tout ce foin qu'il nous a fait juste pour çà? Tant d'énergie dans la préparation, de frais, de concessions, d'apprentissage pour changer d'avis? " Ben ouais. Toute la préparation, c'était suivre l'intuition qui m'a mis sur les rails et m'a fait développer un tas de choses, m'a fait franchir des caps, des étapes, qui étaient nécessaires à me mettre droit sur ma route, et elle ne mène pas toujours où on se l'imaginait.
C'est drôle que ce qui est la liberté dans un cadre, peut en quelque sorte peser dans un autre contexte... tout est si relatif...
Le parapente était mon moyen d'évasion dans la vie courante, il nourrissait une part intérieure à la recherche de calme, procurait le bonheur de me vider la tête lors des vols du soir pour rentrer du boulot à la maison, et la chance de prendre du recul en voyant le monde d'en haut, ou de surprendre en silence des animaux sauvages. Tout çà était lié à la recherche d'un état d'être que je trouve aujourd'hui autrement.
Ici je baigne dans une part d'évasion bien supérieure à ce besoin là, et, finalement, il m'encombre l'esprit plus qu'autre chose... L'embarquer en voyage a peut être plutôt nourri une part d'égo que je ne m'avouais pas, et une envie de faire les choses différemment. Ma quête intérieure dépasse aujourd'hui de bien loin l'aspect matériel. Laisser cette part là d'égo derrière moi est le plus beau cadeau que je puisse m'offrir je crois. Je savais depuis le premier jour, que je le laisserai assez vite. Avant de partir même... d'ailleurs c'était écrit sur la page d'accueil. Pourquoi l'avoir emmené alors? Peut être cela fait-il partie du processus de détachement et d'évolution, et que l'expérimenter en temps voulu est plus important que simplement le théoriser.
Si certains seront déçus, d'autres seront rassurées de me savoir en sécurité au sol. Enfin c'est relatif...
Ca va être l'occasion de quitter le bitume, et d'aller effleurer de plus près le silence des montagnes et des grands espaces.
Il est temps de quitter la superficialité, pour entrer en profondeur... Et la découverte intérieure va de pair avec celle extérieure...
Ainsi allégé, le vélo pourrait peut être me porter plus haut que la voile ne m'a jamais emmené... qui sait?
Je profiterai des vols partagés entre copains en rentrant. Ici je ne renonce pas à voler, j'ai encore quelques cartouches dans la besace. Je renonce juste à trimballer une part de moi à laquelle je ne veux pas être identifié. Maintenant pour voler, il me faudra soit louer du matos, soit réussir à m'en faire prêter sur le chemin. Sortir de la zone de confort, créer l'occasion, façon "Nus et culottés". J'aime l'idée.
Je ne suis pas venu accomplir un truc inédit ou chercher un record ou des performances, je laisse ces trucs là à d'autres. Je n'ai rien à prouver, ni aux, autres, ni à moi même. Peut être l'ai je cherché inconsciemment par le passé, à travers d'autres voyages, d'autres aventures, en accomplissant des choses nécessaire à une prise de confiance, une affirmation de moi même, ou une recherche de reconnaissance... Oui, c'est vrai.
Désormais je suis bien loin au delà de ça. Intérieurement, ça avance à 100 à l'heure, j'ai moi même parfois du mal à suivre...
Au delà de l'aspect purement matériel, le changement s'opère aussi dans la tête, et je raye et déchire les brouillons de plans esquissés pour la suite. Essayer de caser les pays selon les saisons pour pouvoir rouler les plus hautes routes à la bonne époque et les collectionner... Accomplir le maximum de choses dont rêve mon égo tant que j'en ai l'occasion... Fuiiiit poubelle.
Un jour à la fois, sans savoir où me mènera le lendemain...
Je vis le chemin, sans plus me préoccuper de la destination...
Et si çà allège de le vivre, çà fait autant de bien de l'écrire.
Je redeviens ainsi léger, flexible, furtif, agile. Je peux me faufiler, me confondre, disparaître...
Prendre un transport devient un jeu d'enfant, il me suffit d'arriver sur place, plier le vélo, le zipper dans son sac, et j'ai 2 sacoches à porter, le tout passe dans le bus, et la gentillesse de l'employée au guichet m'économise même les frais de surplus pour cette fois...
Je quitte donc la route des sierra et cascades, pour quelque chose qui m'attire, qui m'appelle, et qui devient maintenant Evident...
Les 30h de bus sont une aventure à part entière qui me plonge dans une autre Amérique. Celle d'en bas, des gens plus pauvres et des laissés pour compte... Les transports en communs sont peu développés, tout le monde conduit sa voiture, ou prend l'avion, et le bus greyhound regroupe, en partie quand même, une frange de la population qui ne peut se permettre ni l'un ni l'autre, alimentant ainsi le rejet de la population moyenne pour le bus... Oui mais moi ça me fascine... Beaucoup sont paumés ou perchés, mais je les trouve beaux dans leur perchitude. Certains dégagent quelque chose de très fort, et pas qu'au niveau olfactif. Je ressens beaucoup d'humanité et de bienveillance les uns envers les autres, et un coté bien plus spontané et naturel que bien des choses observées jusqu'alors.
Par la fenêtre j'aperçois défiler la Sierra Nevada que je ne foulerai pas cette fois, puis elle disparait dans la nuit.
Le sommeil est entrecoupé par les néons qui se rallument toutes les heures et demi lors de stops dans des relais ou stations essences paumées. Le cerveau embrumé, sans repères ni de temps ni d'espace, plus rien n'existe... Où sommes nous? Quelle heure est il? Un drapeau américain qui flotte dans la nuit rappelle vaguement que je ne me suis pas trompé de bus... Les voyages longue distance ont cet intérêt de se sentir hors de tout quelques instants, et cet inconvénient de ne saisir que des bribes de chaque endroit, pour en forger des croyances basées sur deux ou trois choses qu'on a aperçu...
Nevada, On oublie l'image de la Renault 21 break familiale qui avait la classe dans les années 90...
Les enseignes lumineuses clignotent de partout, et les paroles de Johnny Cash me résonnent en tête "I shot a man in Reno just to watch him die"... L'état du vice, argent sexe et drogue... Dans la vie, on voit ce que l'on croit... Surtout quand on ne reste pas assez longtemps, pour avoir le temps de voir autre chose et défaire cette croyance... Alors que retient on des lieux ou des gens? Ce qui confirme l'image qu'on s'en faisait ...
Je m'amuse donc de ces trois panneaux en entrant dans Reno :
"Life is short, play dirty"... "Jésus peut laver vos péchés, composer le 0899-MON-SAUVEUR"... "Cabinet d'avocats, des spécialistes à votre écoute, composez le..."
Mais j'ai déjà fermé les yeux, et me réveille ailleurs...
Prendre un transport devient un jeu d'enfant, il me suffit d'arriver sur place, plier le vélo, le zipper dans son sac, et j'ai 2 sacoches à porter, le tout passe dans le bus, et la gentillesse de l'employée au guichet m'économise même les frais de surplus pour cette fois...
Je quitte donc la route des sierra et cascades, pour quelque chose qui m'attire, qui m'appelle, et qui devient maintenant Evident...
Les 30h de bus sont une aventure à part entière qui me plonge dans une autre Amérique. Celle d'en bas, des gens plus pauvres et des laissés pour compte... Les transports en communs sont peu développés, tout le monde conduit sa voiture, ou prend l'avion, et le bus greyhound regroupe, en partie quand même, une frange de la population qui ne peut se permettre ni l'un ni l'autre, alimentant ainsi le rejet de la population moyenne pour le bus... Oui mais moi ça me fascine... Beaucoup sont paumés ou perchés, mais je les trouve beaux dans leur perchitude. Certains dégagent quelque chose de très fort, et pas qu'au niveau olfactif. Je ressens beaucoup d'humanité et de bienveillance les uns envers les autres, et un coté bien plus spontané et naturel que bien des choses observées jusqu'alors.
Par la fenêtre j'aperçois défiler la Sierra Nevada que je ne foulerai pas cette fois, puis elle disparait dans la nuit.
Le sommeil est entrecoupé par les néons qui se rallument toutes les heures et demi lors de stops dans des relais ou stations essences paumées. Le cerveau embrumé, sans repères ni de temps ni d'espace, plus rien n'existe... Où sommes nous? Quelle heure est il? Un drapeau américain qui flotte dans la nuit rappelle vaguement que je ne me suis pas trompé de bus... Les voyages longue distance ont cet intérêt de se sentir hors de tout quelques instants, et cet inconvénient de ne saisir que des bribes de chaque endroit, pour en forger des croyances basées sur deux ou trois choses qu'on a aperçu...
Nevada, On oublie l'image de la Renault 21 break familiale qui avait la classe dans les années 90...
Les enseignes lumineuses clignotent de partout, et les paroles de Johnny Cash me résonnent en tête "I shot a man in Reno just to watch him die"... L'état du vice, argent sexe et drogue... Dans la vie, on voit ce que l'on croit... Surtout quand on ne reste pas assez longtemps, pour avoir le temps de voir autre chose et défaire cette croyance... Alors que retient on des lieux ou des gens? Ce qui confirme l'image qu'on s'en faisait ...
Je m'amuse donc de ces trois panneaux en entrant dans Reno :
"Life is short, play dirty"... "Jésus peut laver vos péchés, composer le 0899-MON-SAUVEUR"... "Cabinet d'avocats, des spécialistes à votre écoute, composez le..."
Mais j'ai déjà fermé les yeux, et me réveille ailleurs...
Idaho... Les grandes plaines céréalières, et au loin enfin, les Rocheuses... On croirait qu'elles sont là, derrière la colline et pourtant, y'a encore bien 100km à rouler... Je campe autour d'une grange aménagée pour accueillir les ouvriers agricoles sur place le temps des moissons, et en ressens l'activité encore si récente. Les moissons sont terminées, j'arrive après la bataille et rate le spectacle. J'aime tant voir la Terre donner à l'Homme le fruit de sa Générosité. Les plaines sont interminables, les parcelles immenses, les machines démesurées...
Aujourd'hui l'agriculture est une recherche de rendement, la matière première cotée en bourse, devient un chiffre, un produit spéculatif. La course au profit et la recherche de marge écrasent le producteur, et si l'argent n'est pas au rendez vous pour l'intermédiaire, on parle de "mauvaise année" comme si le rendement était un acquis...
Et pourtant... à une époque pas si lointaine, (ou aujourd'hui encore en quelques régions) , le travail de la terre occupait la moitié de la population, et la survie de la communauté dépendait entièrement de la récolte. On considérait que la Terre n'était pas une machine à produire, mais un organisme vivant à part entière, régi par une Force Mystérieuse qui faisait preuve d'Amour et Générosité à chaque nouveau printemps en se réveillant subitement et faisant sortir du sol ce que l'homme lui avait soigneusement confié... Cette Force de Vie, rythmant le quotidien, et vénérée depuis des millénaires devait sûrement avoir de quoi aider à comprendre sa place dans la Grande Marche du Monde... Aujourdhui elle est reléguée bien loin, enfermée dans des livres qui prennent la poussière, ou dans des édifices ou personne ne met plus les pieds...
L'industrie, la consommation et le marketing se chargent du reste, et on ne sait plus, qui, quoi, comment, pourquoi...
La Folle Marche du Monde...
"Waouh, une nuit à camper dans un champ de blé et on l'a perdu..." Mais c'est çà qu'est bon... Il ya tant de choses à ressentir et à comprendre, par soi même, par sa propre expérience, et sa propre observation, et en faisant taire en soi les croyances du monde apprises jusque là, ou véhiculées par les écrans... La Nature et la Vie savent, Elles, et transmettent à qui veut bien les observer ou les écouter...
Et c'est ça que je suis venu m'accorder...
Aujourd'hui l'agriculture est une recherche de rendement, la matière première cotée en bourse, devient un chiffre, un produit spéculatif. La course au profit et la recherche de marge écrasent le producteur, et si l'argent n'est pas au rendez vous pour l'intermédiaire, on parle de "mauvaise année" comme si le rendement était un acquis...
Et pourtant... à une époque pas si lointaine, (ou aujourd'hui encore en quelques régions) , le travail de la terre occupait la moitié de la population, et la survie de la communauté dépendait entièrement de la récolte. On considérait que la Terre n'était pas une machine à produire, mais un organisme vivant à part entière, régi par une Force Mystérieuse qui faisait preuve d'Amour et Générosité à chaque nouveau printemps en se réveillant subitement et faisant sortir du sol ce que l'homme lui avait soigneusement confié... Cette Force de Vie, rythmant le quotidien, et vénérée depuis des millénaires devait sûrement avoir de quoi aider à comprendre sa place dans la Grande Marche du Monde... Aujourdhui elle est reléguée bien loin, enfermée dans des livres qui prennent la poussière, ou dans des édifices ou personne ne met plus les pieds...
L'industrie, la consommation et le marketing se chargent du reste, et on ne sait plus, qui, quoi, comment, pourquoi...
La Folle Marche du Monde...
"Waouh, une nuit à camper dans un champ de blé et on l'a perdu..." Mais c'est çà qu'est bon... Il ya tant de choses à ressentir et à comprendre, par soi même, par sa propre expérience, et sa propre observation, et en faisant taire en soi les croyances du monde apprises jusque là, ou véhiculées par les écrans... La Nature et la Vie savent, Elles, et transmettent à qui veut bien les observer ou les écouter...
Et c'est ça que je suis venu m'accorder...