Casa de ciclistas de la paz
Date, nom, pays. Je remplis la ligne 2154 du registre des cyclistes posant leurs sacoches dans ce vieil appartement défraichi en plein centre de la paz. Depuis 10 ans, les quatre murs accueillent les voyageurs au long cours. Le confort est sommaire, chacun jette son matelas sur le plancher de l'une des chambres mais le temps et les différences se dissolvent ici dans la rencontre d'autres magiciens des routes. Chacun est reçu par le précédent et en charge de transmettre les consignes et les clefs au suivant. Du sol au plafond sur deux étages, les murs sont couverts de centaines de signatures et de photos, chacun laissant la trace de son passage, de son rêve. J'y retrouve la trace de tous ceux qui, il y a dix ans déjà, réveillaient mes aspirations de liberté... Chaque jour la sonnette retentit, et la porte s'ouvre sur un nouvel inconnu.
Date, nom, pays. Je remplis la ligne 2154 du registre des cyclistes posant leurs sacoches dans ce vieil appartement défraichi en plein centre de la paz. Depuis 10 ans, les quatre murs accueillent les voyageurs au long cours. Le confort est sommaire, chacun jette son matelas sur le plancher de l'une des chambres mais le temps et les différences se dissolvent ici dans la rencontre d'autres magiciens des routes. Chacun est reçu par le précédent et en charge de transmettre les consignes et les clefs au suivant. Du sol au plafond sur deux étages, les murs sont couverts de centaines de signatures et de photos, chacun laissant la trace de son passage, de son rêve. J'y retrouve la trace de tous ceux qui, il y a dix ans déjà, réveillaient mes aspirations de liberté... Chaque jour la sonnette retentit, et la porte s'ouvre sur un nouvel inconnu.
Arrivée Marc, complicité immédiate et indicible, livrer voyage intérieur
Marc est l'un des masculins ancrés qui inspirent mon voyage.
Bien sûr que les femmes sont merveilleuses, mais je crois que la loyauté entre deux hommes n'a pas d'égal...
Prendre soin des autres, dimanche tous les jours,
On Parcourt la paz et ses ruelles, bazars et marchés pour constituer l'équipement de steph.
chacun reprend sa direction
Un matin, le groupe se disperse aussi vite qu'il s'était formé. Un bus me parachute en frontière chilienne avec un tube de crème solaire et une semaine de provisions soigneusement préparées. et un détour épique d'environ 6jours de retard sur les copains... Là, au pied du volcan Nevado Sajama, un chemin de terre me mènera vers le sud et le challenge de les reprendre.
Le soleil disparaît, la lumière s adoucit puis se refroidit.
Couleurs pastel, premières étoiles. Je suis si bien que je n ai pas envie de m arrêter.
Je laisse l obscurité et le silence m' envelopper, me stimuler, me protéger.
Je pousse le vélo à travers un río, puis franchis une dune.
Pieds nus dans le sable froid, sous mon ciel etoilé je souris.
Dune, le nom de ma lignée maternelle,
Me prédestine t il a cette fascination à parcourir le désert en solitaire?
Le chemin égraine des hameaux minuscules absents de toutes les cartes.
Ma présence amuse ou parfois intrigue.
Je savoure chaque jour ces instants uniques, joue au foot avec les jeunes militaires qui tuent l'ennui d'une vie sans horizon, observe des enfants qui, fascinés par mon réchaud, se chamaillent pour remuer ma tambouille. Sur les marches d'une église abandonnée, je partage mon repas avec une grand mère en me laissant conter la folie des homme face à l'appât du gain. Ici on me soupçonne d'être un ingénieur en mission pour venir exploiter et voler le lithium du salar, là on me met en garde contre le danger de me perdre ou pire, de tomber en panne d'essence en plein désert et mourir... Ma bicyclette tout ordinaire semble étrangement les rassurer... Je me faufile entre les orages, avance à pas feutrés sur les pistes ensablées, arrive en confiance, et repars en silence, tel un brigand voleur d'instants. Je ne peux m'empêcher de sourire à l'ordinaire.
Puis un beau jour, apparaît au lointain, l'immensité étincelante du salar d'Uyuni.
Porté par les vents violents, jusque tard dans la nuit, pointant une constellation au ras de l'horizon, je vogue sur le miroir de sel,
Grisé par la puissance de l'instinct retrouvé, par toutes les limites qui semblent avoir volé en éclats, je sens remonter mes rêves d'enfance. Suis je un pirate voguant sur l'océan de la vie ou un cavalier galopant l'immensité de l'esprit?
"Là! C'est parfait."
Ce petit coin d'immensité en plein vent, l'endroit rêvé...
Tempête.
Dresser le camp de nuit quand les conditions tabassent me rend euphorique.
Le simple fait de réussir à mettre la tente passe alors pour un accomplissement et décuple la sensation de confort.
Réveil.
Silence.
Comment et pourquoi la terre nous offre t elle des endroits si magiques ?
Silence absolu.
Pas un souffle dans un feuillage, pas un insecte, pas le bruit d'un oiseau ni celui d'un ruisseau.
Rien.
Le vide infini dans toutes les directions, sans notion de distance ni d échelle,
et le soleil qui au fil de sa course fait danser les couleurs sur la toile salée du désert.
Silence.
J écoute.
Un battement.
Est ce celui de mon cœur ?
Ou celui de la terre ?
Ou bien ne font ils qu'un ?
Du premier rayon matinal jusque sous les étoiles, je trace, et pédale. Les yeux rivés sur la piste, dans le dédale de traces et d'empreintes de jeeps, je guette les marques de vélo. Ils ont pris à droite, la variante par le col secondaire. Les jeeps venant en sens inverse m'informent de leur progression. "Un groupe de 4 vélos, ils sont presque au sommet du col, une jeune fille a jeté son vélo au sol, elle monte a pieds et son copain est descendu en courant pour lui remonter son vélo" je souris. C'est bien eux. "oh, ils sont loin tu ne les rattraperas jamais"... ouais ouais... un an que je pédale en solo et les copains ont deux heures d'avance... Demain soir on sera à l'apéro...
La jonction s'opère dans la descente vers la laguna colorada. Marc me tombe dans les bras. Pas un mot. Un regard suffit à lire son soulagement. Nous cheminons lentement. Steph doit vraiment être amoureuse pour le suivre dans de telles conditions. Elle a tout bravé mais aujourdhui, elle semble à bout de forces. Le souffle coupé par les 4300m d'altitude, la peau cinglée par le sable volant dans le vent de face, elle laisse tomber le vélo enlisée dans 20cm de mauvais ripio. Un cri de désespoir s'échappe dans le vent, une larme d'impuissance lui roule sur la joue. Quelques mots e réconfort, une tape sur l'épaule. Nous avons repéré au loin un hameau et l'espoir d'une auberge. Atteindre le hameau avant la nuit graverait en elle la réussite et le succès. Rater le coche pourrait la dégouter et lui donner envie d'abandonner. Le fil est mince, et le jour touche bientôt à sa fin... C'est ces moments de rupture mentale qu'il ne faut pas rater. Ces instants précis où , repoussant ses limites, chacun trouve la porte vers lui même.
Nous nous relayons pour revenir en marchant et l'aider à pousser son vélo, puis nous arrimons ses bagages sur nos vélos.
Vent de face, nous progressons à 3kmh. Le village semble ne jamais se rappocher. La nuit approche, et la promesse du froid.
Arrivée au hameau, Dan et Shyai nous accueillent soulagés. Ils voulaient nous envoyer une jeep, mais ne sacahnt pas quelle option nous avions choisi ni où lancer les recherches, ils avaient renoncé.
Poursuite copains, fond sur eux,
traque la piste
jeep sens inverse
reprise
on partage effort, nourriture, tout.
Anniversaire. Il est des matins où le soleil ne brille pas comme les autres jours
Pistes ensablées, vent violent, lagunes, poussière et désert, tout ça à plus de 4500m d'altitude.
Les hautes terres volcaniques du sud Lipez tiennent leur promesses, et moi, je me sens des ailes.
Ce que certains cyclistes nomment "enfer" est devenu mon quotidien, et aujourd'hui plus que jamais, mon terrain de rêvasserie.
Terres si arides pour l'homme, et pourtant si fertiles pour l'âme...
Au hameau atteint à la nuit après une nouvelle tempête de sable, la famille de l auberge nous invite à nous serrer au chaud dans la cuisine pour manger. Je tire d'une sacoche une bouteille de vin rouge, quelques fruits secs et un fromage dégotés au marché d Uyuni. Les copains entonnent en chœur un joyeux anniversaire.
Nous sommes 5 cyclistes, de 5 pays, joyeuse équipe. Une semaine que je cavale sans relâche, du premier rayon de soleil jusque tard dans la nuit pour les rattraper à temps.
Savent ils combien ce soir, leur simple présence me réchauffe le cœur ?